Témoignages formations d'élèves en établissements pénitentiaires : détenu et ex-détenu

A eux la parole !

5 décembre 2022

Michel et Denis (noms d’emprunt), détenu et ex-détenu au sein d’établissements pénitentiaires témoignent de leurs reprises d’études grâce aux formations que propose le Cnam dans son catalogue dédié aux personnes sous main de justice. Chacun fait état de ce que la formation professionnelle leur a apporté sur un plan personnel et professionnel.

Pictogramme silhouette - Homme 3Michel, 37 ans, en détention dans un établissement pénitentiaire de la région parisienne, travaille en qualité d’opérateur PAO pour l’Agence du travail d’intérêt général et de l’insertion professionnelle (ATIGIP). Il a, à ce jour, suivi dix UE constitutives du Diplôme de Comptabilité et de gestion de l’Institut des études comptables du Cnam (Intec) et a obtenu le Certificat professionnel Assistant PME-MPI.

Pictogramme silhouette - NeutreDenis, 47 ans, ex-détenu, sorti depuis 4 ans, est actuellement comptable au sein d'un cabinet. Condamné à une longue peine, il s’est remis aux études en centre de détention et a préparé le Diplôme supérieur de comptabilité et de gestion et de du Cnam - Intec , qu’il a validé !

Comment avez-vous entendu parler de l’offre de formation du Cnam dédiée au PSMJ ? et pourquoi avoir voulu reprendre une formation professionnelle ?

Catalogue PSMJMichel : J’ai entendu parler des formations du Cnam par le biais d’un autre détenu et grâce au responsable local d’enseignement (RLE) dédié à l’établissement pénitentiaire où je suis. J’ai surtout voulu reprendre une formation professionnelle pour bien investir mon temps de détention et le mettre à profit ; Aussi pour qu’à terme, l’obtention d’un diplôme et d’un certificat puisse m’aider à me réinsérer professionnellement. Et puis reprendre des études avec un établissement de renommée comme le Cnam, c’était pour moi une chance !

Denis : Ayant été condamné à une lourde peine, qui excluait qu’à la sortie de prison je puisse retrouver mon emploi, j’ai souhaité, après un travail thérapeutique (qui m’a grandement aiguillé sur le chemin à poursuivre), reprendre une formation professionnelle ; Avec pour objectif, ma future réinsertion sur le marché du travail. J’ai alors envisagé une formation dans le domaine de la comptabilité et de la finance, en consultant le catalogue de l’offre de formation proposée par le Cnam. A l’époque cependant, je n'avais pas idée de la difficulté qu’il me faudrait affronter pour obtenir un diplôme et je ne savais pas non plus vraiment comment l'appréhender : quel rythme adopter ? dans quel ordre suivre les UE constitutives du parcours ?

Pouvez-vous revenir sur votre temps de formation ?

Michel : Parce que je suis en détention longue, je progresse au rythme de deux UE par an pour obtenir le DCG. Quant au certificat d’Assistant PME-PMI, j’ai pu suivre le cursus en 2 ans. Lorsque l’on est en détention, outre le travail, le temps passé en cellule reste long mais j’ai pu l’utiliser pour me former en sachant me donner les moyens de réussir.

Denis : Au départ, j’ai pu rencontrer la coordinatrice/référente pédagogique du Cnam qui m’a reçu en entretien individuel. Grâce à ce premier échange et tous ceux qui ont suivi, j’ai pu trouver des réponses à mes interrogations mais aussi un apaisement face aux angoisses ressenties, dues en partie à la difficulté de reprendre, en détention, des études supérieures difficiles. Je peux donc dire que c'est grâce au travail de  toute une équipe, la coordinatrice pédagogique du Cnamle responsable local d'enseignement et  le tuteur, que j’ai réussi à suivre mon cursus. Mon temps de formation a duré 3 ans et si j’ai tenu et réussi finalement à courir ce marathon jusqu’au bout, c’est grâce à l'accompagnement reçu tant sur le plan académique qu’humain.

Que vous a apporté le fait de suivre une formation ?

Michel : Sur le plan personnel tout d’abord, je dirais qu’être apprenant, en faisant l’acquisition de nouveaux savoirs et de nouvelles compétences, me permet de développer une meilleure estime de moi-même. Ensuite, sur le plan professionnel, je dirais que même si je n’ai pas encore eu la chance de mettre en œuvre mes connaissances théoriques, j’enrichis mes connaissances et donc rends possible un développement personnel. Enfin sur le plan de la relation à l’autre et au monde cela m’enseigne beaucoup : le partage et l’entraide.

Denis : Grâce à l’implication du Cnam dans le suivi de ma formation, j'ai pu obtenir un stage à l’obtention de mon diplôme ; Et ce stage a débouché ensuite sur un emploi puisque j’ai été embauché dans la foulée ! Aujourd'hui, je peux affirmer que grâce à la formation tout au long de la vie, j'ai véritablement réussi ma reconversion professionnelle et réintégré la société civile.

Que diriez-vous à celles et ceux qui, en détention, souhaiteraient reprendre des études ?

Michel : Je dirais tout simplement que reprendre des études avec le Cnam est une merveilleuse aventure sous l’égide d’une bonne fée ! et puis c’est une aventure accompagnée par les livres et les Autres … Comme toutes les aventures, il faut du temps pour qu’elle se déroule et qu’elle se vive. Cela nécessite aussi de l’organisation et de l’assiduité dans l’effort. Pour nous détenus, le temps, au quotidien, est disponible sans avoir à le chercher trop loin ! mais il faut cependant savoir mettre à profit les nombreuses heures passées en cellule. Savoir s’organiser est très important pour avoir une vision claire du travail à fournir et du temps à consacrer à chaque cours. Pour réussir il faut être ou apprendre à être régulier en étudiant quotidiennement jusqu’au passage des examens. Enfin et pour conclure je dirais que, pour moi, dans la formation à distance, la véritable difficulté a été que certaines de mes interrogations restent parfois sans réponses car les supports de cours ne dialoguent, hélas, pas !Catalogue PSMJ