Portrait d'un diplômé

Décoder la finance d’entreprise

Parce qu’il était avide de se former pour renforcer ses compétences, Alexandre Neuviale a choisi le Cnam pour affiner ses connaissances dans le domaine de la finance d’entreprise. Grâce à ce programme, cet ancien directeur d’agence bancaire déploie aujourd’hui son talent comme conseiller et formateur auprès d’entreprises.

Sur la question de la finance participative pour les entreprises, il est intarissable. Auteur d’un ouvrage sur le sujet co-écrit avec Didier Voyenne, enseignant au Cnam, Alexandre Neuviale est devenu l’un des hérauts dans ce domaine. Avec cet essai, il a même caressé du doigt le rêve de donner une direction aux pouvoirs publics. En attendant, il accompagne et forme aujourd’hui avec bonheur les entreprises dans le labyrinthe de la finance.

Et pourtant, devenu directeur d’agence bancaire, peu de choses le destinait à négocier ce virage. Cette reconversion, il la doit au Cnam, où il a effectué son master 2 Finance d’entreprise, stratégie et expertise financière.

Se former pour évoluer

C’est dans le milieu bancaire qu’Alexandre Neuviale s’est épanoui pendant des années. Il y avait gravi les échelons en exerçant tous les métiers. Agent d’accueil en agence - « un poste déterminant car on est alors à l’interface avec les clients », il devient vite conseiller bancaire avec une clientèle de particuliers, puis chargé d’affaires pour les professionnel·le·s jusqu’à l’obtention d’un poste de direction d’agence. « C’est une progression normale en agence bancaire. Avant d’être manager de proximité, il faut avoir été confronté à la gestion d’une clientèle de professionnels. » Pour évoluer, il peaufine son profil. Titulaire d’un BTS Action commerciale, il suit en alternance un BTS spécialisé sur les métiers de la banque, puis deux ans durant, prépare un Institut Technique Bancaire (ITB), un diplôme spécialisé reconnu dans le monde bancaire et équivalent à un niveau bac+4.

L’envie de poursuivre ce cursus le pousse à regarder les formations proposées hors du milieu bancaire. C’est finalement un master 2 Finance d’entreprise qu’il choisit, afin de « regarder l’entreprise de l’intérieur », un monde qui le passionne. « Et puis, à l’époque, nous avions aussi un taux de refus non négligeable en banque sur les demandes de financements des petites entreprises. Je voulais comprendre quelles pouvaient être les alternatives. J’ai trouvé pas mal de réponses dans mon cursus. » Sa formation se fera au sein du Cnam, qu’il connaît déjà pour y avoir suivi quelques cours de licence, et dont il conserve un bon souvenir.

Se captiver pour le master Finance d’entreprise

Deux ans durant, il franchit la grille de l’établissement les vendredis et samedis. La charge de travail est importante : il consacre le week-end à ses cours, pose des congés pour creuser les notions : « C’était un enseignement académique, très différent des formations professionnelles, qui sont orientées vers la pratique des métiers. Il m’a fallu refonder un socle solide de bases sur les notions. ». De 30 élèves, ils finissent à 13. Or, si ce programme est exigeant, Alexandre Neuviale se plaît à rappeler qu’il est aussi « captivant et de qualité grâce aux enseignements délivrés par des enseignants-chercheurs passionnants et des professionnels en activité. Pour former, je sais aujourd’hui qu’il est déterminant de posséder une activité professionnelle afin de pouvoir passionner son auditoire. »

Autre richesse de ces cours, l’hétérogénéité du public : « Vous aviez des étudiants en formation initiale, des gens comme moi qui cherchaient à approfondir leur savoir et des personnes en reconversion professionnelle. »

Soutenu par sa femme, il valide son master, autofinancé et réalisé en parallèle de son emploi de directeur d’agence.

Devenir expert : du mémoire de master à l’essai publié

Devinez le sujet du mémoire qui clôt ses années d’études ? « J’ai choisi le financement d’entreprise, à travers le crowfunding, une alternative de financement dédiée aux très petites entreprises (TPE) », détaille-t-il. Remarqué pour sa qualité, il remporte le deuxième prix du meilleur mémoire, édition 2014, remis aux journées de l’association française des trésoriers d’entreprise (AFTE). Poussé par son directeur de mémoire et enseignant au Cnam, Didier Voyenne, à fouiller le sujet plus avant, il remet le mémoire sur l’établi et en tire un ouvrage, écrit à quatre mains. Un excellent moyen d’acculturer la population française à la finance participative, un « mode de financement qui existe pourtant depuis les prémices de la civilisation ! Ce qui est nouveau aujourd’hui, c’est l’outil : le numérique. »

Le monde de la banque est bientôt derrière lui. Ni à son poste de directeur, ni dans son entreprise, il ne parvient pas à valoriser son investissement personnel. Il opte pour une nouvelle trajectoire, et rejoint un projet de création de start-up dans l’affacturage [technique de financement et de recouvrement de créances consistant à obtenir un financement anticipé et à sous-traiter cette gestion à un établissement de crédit spécialisé, ndlr.]

Transmettre le savoir

Parce qu’il ne souhaitait pas partir « sans filet de sécurité », dans le monde instable des créateurs et créatrices d’entreprise, il se fait formateur. C’est un retour aux sources : en effet, il effectue ses premiers pas au centre de formation de la profession bancaire (CFPB) où il avait étudié. Analyse financière du point de vue du banquier, fiscalité et droit patrimonial, gestion de la relation client et des risques, financements et/ou alternatifs… La palette des cours est large. Le temps d’une année, il saisit même l’opportunité d’enseigner au Cnam l’analyse financière et la valorisation de l’entreprise.

De fil en aiguille ses interventions se sont diversifiées comme son public. D’abord placé face à un auditoire composé d’étudiant·e·s, il rentre dans le sérail des formateurs et formatrices en entreprise bancaire.

La diversité des cultures d’entreprise alors côtoyées lui offre une connaissance élargie des pratiques. Une corde supplémentaire à son arc qu’il mobilise avec sa nouvelle casquette de conseiller en financement d’entreprise. Car aujourd’hui c’est dans l’accompagnement des entreprises en recherche de financement bancaire et extra-bancaire, des fonds d'investissement aux business angels en passant par les plateformes de crowdfunding, qu’il souhaite réaliser de nouvelles réussites. À suivre…